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Le bien commun à l’ordre du jour planétaire 1 | Sciences et démocratie Québec

October 4th, 2011

Quelque chose est-il en train de bouger dans les discussions sur l’environnement et les changements climatiques ? Posée autrement la question pourrait être : est-il encore possible de remettre en question le nouvel ordre mondial de l’environnement mis en place à Kyoto et confirmé à Cancun par les pays industrialisés qui voudraient institutionnaliser une fois pour toutes leur vision et modèle de « capitalisme vert »? C’est l’enjeu de la série de conférences sur les changements climatiques inscrites dans un calendrier serré qui culminera à la conférence de Rio+20 en 2012 au Brésil, après celle de Bangkok qui vient de s’achever, et celle de Durban en novembre de cette année.

La deuxième journée internationale de la Mère Terre sera célébrée le 22 avril. C’est la date qu’a choisie la Bolivie pour faire discuter par l’ONU sa proposition de faire reconnaître des droits à la Terre comme ceux qu’on accorde aux humains. Depuis les réunions de Cancun et de Cochabamba, ce petit pays d’Amérique latine a fait du chemin dans son offensive pour mettre à l’ordre du jour les droits de Pachamama comme l’appellent les autochtones d’Amérique latine. Cette offensive diplomatique est déployée tout azimut autant dans les instances internationales qu’en faisant appel à la « diplomatie des peuples » dans les différentes rencontres de la société civile et des mouvements sociaux mondiaux. C’est ce que nous disait Pablo Solon, ambassadeur de Bolivie à l’ONU dans une entrevue au Forum Social Mondial de Dakar et c’est ce qu’il a réaffirmé à la rencontre Cochabamba +1 organisée à Montréal du 15 au 17 avril par Alternatives.

Au niveau intergouvernemental, les résultats de Bangkok sont encourageants puisque pour la première fois, les propositions boliviennes d’arriver à un accord multilatéral dans la transparence ont reçu l’appui du groupe des 77 qui compte 131 pays en développement et la Chine. Les pays latinoaméricains de l’Alba ont, eux, appuyé plus explicitement la proposition bolivienne des droits de la mère Terre. C’est d’ailleurs dans ces deux des pays les plus densément peuplés d’autochtones, l’Équateur et la Bolivie, que les gouvernements ont fait inscrire inscrire dans la constitution la notion de « buen vivir » (bien vivre) qui est proche du concept de bien commun.

Du côté des mouvements sociaux et de la société civile, l’idée de considérer les ressources naturelles et la planète Terre elle-même comme des biens communs s’impose de plus en plus comme la manière la plus adéquate de poser le problème, l’ouvrir au débat public et empêcher que Rio+20 soit court-circuité par les pays industrialisés et leurs solution du tout technologique. C’est la démarche de la canadienne Maude Barlow dans sa croisade pour l’accès à l’eau et sa participation au livre Les Droits de la Terre qui sera lancé New York pendant le débat de l’ONU la semaine prochaine. C’est aussi ce que reconnaît Pat Mooney cet autre militant canadien pionnier des luttes sur l’environnement et et maintenant directeur du groupe ETC.

Dans une entrevue accordée également à Dakar Pat Mooney abonde dans le sens de Pablo Solon, avec qui il collabore étroitement, et reconnaît lui aussi que l’approche par le bien commun est appropriée pour se préparer aux batailles qui s’annoncent à Rio+20. Pour lui, la grande menace qui devra être contrée à Rio est la mise en place par les pays industrialisés d’un nouveau système de gouvernance et de règles qui consacreront la mainmise des monopoles sur les ressources naturelles et les technologies par la propriété intellectuelle, et l’imposition de l’idée que les solutions technologiques (des nanotechnologies à la géo-ingénierie en passant par la biologie de synthèse) sont les seules valables pour résoudre les problèmes de changements climatiques et de l’environnement.

(à suivre)

Alain Ambrosi

 

Liens vers les vidéos :

Pablo Solon: Los retos de la sociedad civil de cara a Rio+20

Pat Mooney: The major battlegrounds shaping up for Rio+20

Sur le même sujet des biens communs on peut aussi consulter :

Isabella Lövin – Pillaging the Sea: another tragedy of the Commons

et également

IBA MAR FAYE: l’accaparement des terres en Afrique

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